29.04.2014. LesEchos.fr: «En Russie, la thèse du complot fasciste prospère» - "В России принимается всерьёз тезис о фашистском заговоре"
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В России принимается всерьёз тезис о фашистском заговоре
La conviction que l'Ukraine a été victime d'un coup d'Etat pour le compte de fascistes est largement partagée en Russie.
Si Vladimir Poutine décidait d'envahir l'Ukraine, son opinion publique ne soulèverait sans doute aucune objection dans un premier temps. Car, selon le « récit » en vigueur actuellement en Russie, le changement de régime à Kiev est le fruit d'un complot fasciste voire néonazi. De quoi galvaniser des Russes convaincus que l'URSS a vaincu presque toute seule l'Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale baptisée « Grande Guerre patriotique de 1940-1945 » (en oubliant le pacte Molotov-Ribbentrop permettant un dépeçage en commun de la Pologne en 1939), ce qui confèr à la Russie le statut de rempart historique contre le fascisme. « Pour nous, il est inadmissible de voir aujourd'hui des néonazis au pouvoir à Kiev, soutenus par Washington », résumait hier Veronika Krasheninnikova, du centre international de journalisme de Moscou, lors d'un colloque organisé à Paris par l'Institut français des relations internationales (Ifri). Vladimir Lepyokhin, directeur de l'Institut de l'économie eurasiatique, n'a pas hésité à souligner, pour sa part, que les Occidentaux avaient « cherché à renforcer le IIIe Reich en 1939 pour affaiblir l'URSS », avant d'affirmer que les nationalistes ukrainiens, animateurs d'une guérilla jusqu'en 1955, avaient « d'incontestables racines nazies ». Selon d'autres intervenants russes, la Garde nationale constituée actuellement en Ukraine à partir des combattants de Maïdan, s'apparente à un escadron de la mort chargé d'éliminer les opposants. Washington vient aussi selon eux de réactiver un plan de destruction financière de la Russie datant de l'ère Reagan, avec le gaz de schiste en renfort. Et l'accord d'association proposé par l'Union européenne prévoit aussi l'intégration de l'Ukraine à l'Otan...
Mettre en garde
Volodymyr Iermolenko, analyste politique ukrainien, a répliqué que les nationalistes ukrainiens avaient « aussi combattu les nazis, qui ont d'ailleurs arrêté leur leader, Stepan Bandera » et qu'il était « difficile de qualifier de fasciste un gouvernement comptant des Juifs et seulement 3 ministres, au demeurant modérés, du parti nationaliste Svoboda, sur 18 ». De son côté, Thomas Gomart, directeur du développement stratégique à l'Ifri, mettait en garde hier : « Nous assistons à une névrose de la psyché russe, qui prend l'Ukraine pour son divan. » Avant de s'étonner que les analystes russes puissent croire que la Crimée n'a pas été envahie par leur armée. « On est en train d'inventer la guerre en cagoule, mais il va falloir enlever les cagoules. »